Enquête papillon
texte d’Agnès Moussy
Voici les réflexions que m’a inspiré notre travail de cet été.
J’ai eu le sentiment de reprendre une place au sein de la nature, pas extérieure à elle, mais en tant qu’humain faisant partie d’elle, l’univers et l’humain participant chacun du monde sensible et du monde invisible.
Et j’ai pensé à un texte que Jung avait écrit dans Essai d’exploration de l’inconscient, et qui m’avait enchantée il y a des années. Je vous le livre :
« À mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s’est déshumanisé. L’homme se sent isolé dans le cosmos car il n’est plus engagé dans la nature et a perdu sa participation affective inconsciente avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n’est plus la voix irritée d’un dieu ni l’éclair son projectile vengeur. La rivière n’abrite plus d’esprits, l’arbre n’est plus le principe de vie d’un homme et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l’homme et l’homme ne s’adresse plus à eux en croyant qu’ils peuvent l’entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient les relations symboliques. »
La seconde réflexion concerne le groupe que nous avons formé, et la notion d’égrégore, terme employé par les symbolistes pour exprimer la force de cohésion d’un groupe, et l’esprit formé par la somme des intentions, des énergies et des désirs de chacun vers un but commun.
Un égrégore forme une personnalité à part entière, différente de chacun des individus qui le composent. Aussi change t-il lorsqu’on lui ajoute ou bien retire une personne. Cela pourrait donner à notre démarche une couleur un peu insolite, voire farfelue, ressentie par certains interlocuteurs sans qu’ils y mettent les mots que je viens d’énoncer.
Pourtant si l’on se réfère à certains travaux de la physique quantique, l’observateur aurait une influence directe sur l’observé.
Alors ?
Alors notre égrégore fut fécond, notre recherche se tient, comme l’homme, vivant point d’interrogation, debout, quelque part entre science et mystère.