Chemin des limites

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Le paysage est sculpté par les limites de propriété qui différencie les usages. La Ferme de La Mhotte a connu une variation de ces limites au cours des temps. Le présent texte recense des éléments d’histoire de ces limites, et certains des points remarquables qu’elles entourent.

Auteur : Bureau d'études, groupe d'artistes, habitants à la ferme de la Mhotte

Il y a un siècle, la Ferme de la Mhotte était rattachée à une petite dizaine d’autres lieux avec lesquels elle formait un ensemble (témoignage oral de Mr Julien père). Il n’y en a pas de trace, dans les cadastres anciens que nous avons consulté. Le livre de l’abbé Moret, abbé de la commune de Saint Menoux qui porte sur l’histoire de la commune, laisse imaginer leur existence. La taille même de la Ferme, de ses bâtis, laisse présumer une organisation socio-productive plus vaste. La grange, par son volume, pouvait abriter une quantité de foin qui excèdait très largement ce qu’on pouvait sortir avec les terres de la Ferme. Sur un des bâtiments, il y a également une cloche qui, dit-on, servait à signaler alentour.

Aujourd’hui, le domaine de la Ferme de la Mhotte s’étend sur 49 hectares. La limite de propriété, a été parcourue par le collectif aux alentours de 2010, deux ans avant que la majorité des parts de la Société Civile agricole de La Mhotte qui en est propriétaire, soient transmises au fonds de dotation Terres franches, dont le but est de sortir la terre et le bâti de la propriété, et de laisser aux usagers la responsabilité sur leurs usages.

Ligne jaune • Au moment de l’achat de la Ferme en 1991, la limite du domaine s’étend autour d’une aire d’une soixantaine d’hectares. Elle comprend une parcelle d’une dizaine d’hectares (ligne jaune) qui a dû être revendu à la fin des années 1990 pour contribuer à rembourser les dettes du Jardin botanique (projet initial ayant provoqué l’achat de la Ferme et qui a fait faillite au milieu des années 1990). Cette parcelle de 10 hectares (ligne jaune) a été remembrée. Elle comportait auparavant une dizaine de petites parcelles dont les haies ont aujourd’hui disparu.

Ligne bleue • Aujourd’hui, la limite cadastrale (ligne bleue) s’est réduite. Sur la photo, on la reconnaît avec facilité : il y a les aires cultivées seches et jaunes, dont les pourtours de parcelle sont sans haies. Ces parcelles sont exploitées par R., une grosse exploitation porcine en agriculture conventionnelle située à 500 m du lieu-dit. Les aires de la Ferme de la Mhotte en prairie, sont vertes et arborées, dotées de haies qui n’ont pas été arrachées.

Ligne rose • on reconnaît, dans cette Googlemap de 2008, la zone d’habitation des cochons (zone claire). L’activité cochon a été mise en place par Simon D. en 2009 (?). D’abord, les cochons étaient dans une petite parcelle. Puis leur habitat a été à cheval sur deux domaines distincts : la Ferme de la Mhotte et le Château de la Mhotte. Une demande avait été faite pour que les cochons puissent y habiter. Ils avaient des cabanes dans les bois. Les femelles y ont fait leur nid durant l’hiver 2010 (?) pour mettre bas. Les porcelets se promenaient librement durant un temps. Ils se promenaient en bande et faisaient quelque ravage. C’est si rare cependant, notamment pour les cochons, de les voir en liberté, et non rangé par lot, dans des baraquement de ciment. Les cochons sont des animaux très sensibles et intelligents. Il n’étaient pas rare de les voir adoptés comme des animaux domestiques, et promenés en laisse au début du Xxe siècle, quand il étaient encore petits. Au bout de quelques mois, les porcelets de La Mhotte étaient échangés contre de la nourriture pour cochons à un éleveur en bio qui habite sur Autry Issards, à quelques kilomètres. Il y finissaient leur croissance. C’était impressionnant de voir la différence entre ces porcelets petits et rablés, qui avaient eu une vie, et les autres porcelets bien roses et dodus, plus grands aussi, alors qu’ils avaient le même âge.

Au point 5, il y a une petite parcelle qui a été revendue à un maraîcher (famille B.) pour y construire sa maison. Cette revente s’est produite suite à mésentente. Avant cela, il y a d’abord eu un projet que les maraîchers s’installent sur la Ferme de la Mhotte à la fin des années 1990 pour y  développer leur projet. Puis, des conflits de personnes ont rompu la collaboration et, suite à négociation, la famille de maraîchers a acheté une parcelle, jouxtant l’aire de culture maraîchère, qui est restée propriété de la Ferme de la Mhotte (point 6). Les liens entre les gestionnaires de la Ferme de la Mhotte et les maraîchers étaient très mauvais quand nous sommes arrivé en 2006. Nous, ainsi que ceux de la nouvelle génération, ne partagions pas ces mésententes qui nous semblaient d’un autre âge. Des relations se sont retissées peu à peu entre la Ferme de la Mhotte et la famille Bouc. Les maraîchers qui se sont installés sur la Ferme de la Mhotte en 2009-2010, Benoît B. et Mickael D., ont travaillé avec Jean Paul B.. Ils ont utilisé, en accord avec lui, son forage et ont eu un ensemble d’échange de services et de coups de main. Un fils de la famille B. a été en emploi aidé dans l’association culturelle Champ des possibles de la Ferme de la Mhotte, puis il a travaillé dans la société créée par Damien W., habitant de la Ferme.

Point 8 • une aire du lieu dit Nizons est mise en culture par les maraîchers (Gaec Jardin de la Mhotte). Le point remarquable est qu’il y a une différence de plusieurs semaines entre les cultures de la Ferme et les cultures des Nizons, du fait d’une terre plus sableuse et par conséquent plus chaude et plus facile à travailler aussi.

Point 11 • Ce point est situé sur la zone limitrophe avec le Château de la Mhotte. Ces deux lieux, Ferme et Château, portent le même nom “La Mhotte“) et ont une histoire commune très ancienne. Depuis la fin des années 1970, une école autogérée en pédagogie Waldorf s’est installé sur le château. Depuis des liens de voisinage existe avec la Ferme, rachetée par d’anciens enseignants de l’école. Malgré tout, il existe une limite, un passage d’un lieu à l’autre, un fossé qui sépare les deux lieux. Ce fossé peut être traversé. Il y a un petit ponton qui y aide. Il existe également un chemin (ligne verte) qui permet de passer directement de la Ferme au château sans passer par la route. La limite de propriété reste un marqueur fort de séparation symbolique même si les liens sociaux surmontent en permanence, dans l’usage, cette convention.

Point 13 • Ce point est subjectif. C’est le seuil à partir duquel on a l’impression de sortir de la Ferme, d’entrer dans un nouveau territoire.

Fossiles

Point 4 • Le nom du lieu-dit, Les Bruyères, indique l’histoire ancienne du territoire. Il n’y a plus de Buryères sur ce site mais cela indique, (comme d’autres noms en usage dans les alentours, tels que les Issards), un territoire de colonie, terres de mauvaise qualité, qui a donné lieu à installation de colonies pionnières au XIIe ou XIIIe siècle.

Point 7 • ce champs abritait, dit-on, un château autrefois. Il n’en reste aucun signe dans les cadastres, y compris dans celui de 1850. Il n’en est pas fait mention dans le livre de l’abbé Moret. De ce château auraient été récupérées les sept colonnes qui soutiennent aujourd’hui la salle des piliers à la Ferme de la Mhotte. D’autres pierres dans les bâtis sont partiellement taillées, récupérées de construction plus anciennes non identifiées.

Point 1 • C’est l’analyse du document papier du cadastre de  la Ferme qui nous a fait découvrir cette parcelle. Elle se situe aux confins du domaine. Un chemin indépendant y menait (point 2) qui s’est refermé, aujourd’hui occupé par des arbustes et impraticable. Il y a eu une maison sur cette parcelle, il y a longtemps. Quand on va sur le site, on trouve effectivement quelques pierres. Mais la quasi totalité des pierres a disparu. Peut-être ont-elles été utilisées pour construire d’autres maisons ailleurs. On a l’impression que cette parcelle cadastrale sert aujourd’hui d’abri pour des animaux. Personne n’y va et elle est située en dehors de la conscience des usagers de la Ferme.

Point 9 • chemin fermé, recouvert d’arbustes et de broussailles. Réouvert par les personnes de la Ferme, soutenus par ceux des Béguets.

Point 10 • chemin figurant sur le cadastre de 1850, qui a été déplacé ultérieurement et remplacé par une haie.

Point 12 • Ce point est situé au plus bas du domaine. C’est un lieu en cuvette, très froid, qui servait d’après un agroforestier, de collecte des eaux.

Aires hors activité humaine

Point 3 • aire de sécurité pour les animaux. Les habitants de la Ferme ont placé un panneau interdisant de chasser parce que chaque année, un groupe d’une petite dizaine de chasseurs venaient à cet endroit pour tirer les animaux. Il s’agit ici d’un ancien étang, asséché pour une raison non déterminée, soit du fait des activités agricoles du voisin R., exploitation en conventionnel de porcs, soit du fait du réchauffement climatique, qui a vu les étang s’assecher dans les 20 dernières années.

Point 12 • une autre aire de tranquillité pour la faune, dans une sorte de corridor, le long d’une rivière, aujourd’hui souvent asséchée.